Pourquoi attirer les chauves-souris ?
Les chauves-souris sont des alliées précieuses pour lutter naturellement contre les moustiques. Une seule chauve-souris peut manger jusqu’à 600 moustiques par heure, ce qui en fait un prédateur très efficace. Plutôt que d’utiliser des insecticides nocifs pour l’environnement, qui en plus sont coûteux, installer un nichoir permet de les attirer et de bénéficier d’un contrôle biologique de ces nuisibles.
Elles jouent aussi un rôle écologique plus large. En plus de réguler les populations d’insectes, certaines espèces participent à la pollinisation et à la dispersion des graines, bien que cela concerne surtout les chauves-souris tropicales. En Europe, elles sont principalement insectivores et souffrent de la disparition de leurs habitats naturels, notamment à cause de l’urbanisation et de la rénovation des bâtiments qui condamnent leurs refuges habituels. Nous allons voir comment construire un nichoir à chauves-souris pour lutter contre les moustiques.
Quelques espèces que l’on peut attirer
En France et en Europe, plusieurs espèces de chauves-souris peuvent s’installer dans un nichoir :
- Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus), la plus fréquente en ville et en campagne. Elle mesure environ 4 cm et consomme plusieurs milliers de moustiques chaque nuit.
- Pipistrelle de Kuhl (Pipistrellus kuhlii), qui chasse souvent autour des lampadaires.
- Sérotine commune (Eptesicus serotinus), plus grande, elle se nourrit aussi de coléoptères.
- Noctule commune (Nyctalus noctula), qui préfère les milieux ouverts comme les prairies ou les forêts claires.
Un nichoir bien conçu peut leur offrir un refuge sûr et les encourager à s’installer près de chez vous.
On va essayer de créer un gîte permettant d’attirer la majorité des espèces.
Mythes et limites
Idées reçues sur les chauves-souris
Avant d’aller plus loin, je suis sûr que certains d’entre vous ne sont pas super emballés à l’idée d’attirer les chauves-souris. On va donc casser quelques mythes et rétablir certaines vérités.
- Tout d’abord, elles s’accrochent aux cheveux : C’est totalement faux. Elles utilisent l’écholocalisation et évitent soigneusement les obstacles, y compris les humains.
- Ensuite, on entend souvent qu’elles transmettent systématiquement des maladies : Bien que certaines espèces puissent être porteuses de virus, le risque pour l’homme est extrêmement faible si on ne les manipule pas. Dans quelques années, le risque d’attraper une maladie par les moustiques sera bien supérieur à celui encouru en ayant des chauves-souris.
- Enfin, on peut lire qu’elles sont nuisibles : Au contraire, elles rendent d’immenses services en éliminant des insectes indésirables.
Convaincus ? Alors, on peut passer à la construction.
Ce qu’un nichoir ne garantit pas
- Il ne suffit pas d’installer un nichoir pour voir des chauves-souris arriver immédiatement. Cela peut prendre plusieurs mois, voire des années, avant qu’elles ne l’adoptent.
- Un emplacement mal choisi réduira considérablement ses chances d’être occupé.
- Les nichoirs doivent être bien conçus et placés en hauteur pour éviter les prédateurs comme les chats et les oiseaux.
- En général, elles ne donnent naissance qu’à un seul petit par an, bien que certaines espèces puissent en avoir deux, voire trois dans de rares cas. C’est aussi pour cette raison qu’elles sont vulnérables aux menaces comme la destruction de leur habitat, car leur population met du temps à se reconstituer. Une raison de plus pour leur donner un petit coup de pouce.
Matériel nécessaire
Maintenant, voyons ce dont nous avons besoin.
Le bois à privilégier
Le bois doit être brut et non traité pour éviter les produits chimiques toxiques. Personnellement, j’utilise du Douglas, qui est bien résistant en extérieur. On en trouve aussi facilement du local dans les scieries (je vous conseille d’aller faire un tour dans une scierie plutôt que dans une grande surface de bricolage, vous trouverez plus facilement et ce sera moins cher).
Attention, il faut du bois brut de sciage et pas du raboté ou poncé. L’aspect rugueux est primordial pour leur permettre de s’accrocher. On verra tout à l’heure comment faire pour encore plus favoriser leur accrochage.
Le cèdre et le pin sont aussi de bons choix. Niveau épaisseur, privilégiez des planches supérieures à 15 mm pour assurer une bonne isolation thermique.
Ici, je vais utiliser des chutes de volige brute de sciage.

Outils et accessoires
- Il va vous falloir une scie, une perceuse/visseuse, des vis ou des clous, un marteau. J’évite personnellement l’utilisation de colle à bois, mais celles qui sont naturelles doivent pouvoir être utilisées.
- Pour travailler plus proprement, un mètre, une équerre et un crayon vous permettront de réaliser un travail de qualité.
Le plan du nichoir
Caractéristiques
Un bon nichoir doit mesurer au moins 40 cm de hauteur et 15 cm minimum de large. Il peut comporter plusieurs compartiments pour accueillir plusieurs individus.
Il en existe plusieurs modèles. Aujourd’hui, on va construire un petit modèle et on verra dans une autre vidéo comment en faire un plus grand. L’avantage de ce petit modèle est qu’il nécessite des planches de faible largeur, beaucoup plus faciles à se procurer.
- L’entrée doit être une fente étroite (1,5 à 2 cm) pour empêcher les prédateurs d’entrer. Pour la pipistrelle, ne pas dépasser 19 mm.
- L’intérieur doit offrir des surfaces rugueuses ou rainurées pour faciliter l’accroche.
- Le nichoir doit fournir une piste d’atterrissage en dessous.
- Le toit doit être de préférence incliné pour éviter qu’elles ne reçoivent une douche à l’intérieur.
- On laissera dépasser en haut 5 cm de la planche du fond pour en faciliter la fixation à un support.
Construction
Étape 1 : Découpe des pièces
On va avoir besoin de 5 morceaux de planche :
- Un de 45 cm x 15 cm qui sera le fond
- Deux de 20 cm x 15 cm pour la façade avant et le toit
- Deux triangles rectangles de 20 cm x 15 cm pour les côtés. Pour cela, on prendra un rectangle de 20 cm x 15 cm que l’on coupera dans la diagonale.

Une fois découpé, à l’aide d’une scie, on fera des stries de quelques millimètres de profondeur, espacées d’environ 1 cm.
On pourrait également agrafer un morceau de grillage fin, mais la solution des stries demande moins de matériel.

Avant d’assembler le tout, il nous reste une dernière chose à faire : l’entrée.
On va tracer un demi-ovale de 5 cm de large, centré en bas de la façade et d’environ 4 cm de haut. À l’aide d’une râpe à bois, on va retirer de la matière jusqu’à arriver à un passage de 18 mm. Il faut bien prendre son temps et essayer d’arrondir l’entrée.

Étape 2 : Assemblage
Maintenant que l’on a tous les éléments préparés, passons à l’assemblage. J’évite personnellement de mettre de la colle, mais certaines naturelles pourraient convenir.
J’ai pris du Douglas, qui est un bois qui fend très facilement. Pour éviter que cela nous arrive, je vous conseille :
- De pré-percer vos trous avec une mèche légèrement plus petite que vos vis.
- De prendre des vis de qualité anti-fendage.
Si vous utilisez plutôt des clous, n’oubliez pas de taper sur la pointe avec un marteau avant de les enfoncer.
On va commencer par assembler le devant sur les côtés. On passera ensuite au toit et on terminera par assembler la “cabine” sur le fond. Je mets 2 vis par côté, c’est suffisant. Là, j’ai pris des 4×45, mais adaptez en fonction de ce que vous possédez.

Une fois terminé, il faut s’assurer que l’assemblage est assez hermétique pour éviter les courants d’air.
Voilà, c’est la fin de la construction et de cette article. Dans le prochain épisode, on regardera comment l’installer pour maximiser les chances d’attirer des chauves-souris.
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